Séismes à répétition en Bretagne sud : doit-on s'en inquiéter ?

15 mars 2024 à 19h18 par Yann LAUNAY

Evelyne Goubert Mars 2024
Evelyne Goubert, géologue à l'Université de Bretagne Sud
Crédit : Yann Launay

La terre a tremblé peu après minuit, dans le pays de Vannes et d'Auray (56). Un tremblement de terre d’une magnitude de 3,1 sur l’échelle de Richter, selon le Bureau Central Sismologique Français. Pas de dégâts, mais des questions car il survient après un séisme dans le même secteur il y a un mois seulement. Faut-il s’en inquiéter ? Les réponses d'une géologue de l'UBS.

Un nouveau séisme a été ressenti dans la nuit de jeudi (14 mars) à vendredi (15 mars), dans le pays de Vannes, et vous avez été des milliers à le ressentir peu après minuit. Un séisme d’une magnitude de 3,1 sur l’échelle de Richter, un mois presque jour pour jour après un séisme de 2,7 dans le même secteur du Morbihan.

Comment interpréter cette fréquence, Yann Launay a joint Evelyne Goubert, géologue à l’Université de Bretagne Sud, à Vannes. Pour elle, ces secousses reflètent le jeu classique des plaques tectoniques en Bretagne sud : "On a la plaque qui contient l'Afrique qui remonte légèrement vers le nord de quelques millimètres à quelques centimètres par an, et ces mouvements vont se répercuter sur de vieilles failles. Ce sont des cassures dans le sol qui peuvent faire plusieurs kilomètres de profondeur. On en trouve une très grande en Bretagne sud, c'est le cisaillement sud-armoricain, qui va de la Pointe du Raz jusqu'à Nantes et même jusque dans le Massif central, et c'est ce cisaillement sud-armoricain qui va bouger, qui va amortir les déplacements de la plaque africaine vers le nord, et ça se fait tout doucement avec plus ou moins d'à-coups."

Evelyne Goubert, géologue à l’Université de Bretagne Sud
Crédit : Yann Launay

Une explosion ou des vibrations

Un séisme d’une magnitude modeste, mais très nettement ressenti par des milliers de personnes, qui expliquent avoir entendu un grondement sourd particulièrement prononcé. Ces caractéristiques s’expliquent par la localisation du séisme, selon Evelyne Goubert : "on a eu un tremblement de terre qui était très en surface. Dès qu'on est sur des tremblements de terre proches de la surface, les gens autour vont entendre comme une explosion, alors que s'ils sont un peu plus éloignés ils n'entendront pas cette explosion mais ressentiront les vibrations."

Evelyne Goubert, géologue à l’Université de Bretagne Sud
Crédit : Yann Launay

"Il n'y a pas trop d'inquiétude pour le "Big One" ici !"

Ces dernières années, les petits tremblements de terre, ont été relativement fréquents, en Bretagne sud. Des séismes qui restent de faible intensité, mais un "Big One" comme disent les Californiens, un séisme destructeur, pourrait-il se produire dans l’Ouest, dans les années ou les décennies à venir ? "Non, répond Evelyne Goubert. Le Big One en Californie, ou dans d'autres secteurs comme en Turquie par exemple, ce sont vraiment des zones où on aura énormément de mouvements qui vont s'accumuler, et à un moment donné cela va lâcher d'un seul coup, avec une énergie très importante.

En Bretagne sud, on est juste sur un mouvement relativement lent, la remontée de la plaque africaine, mais on est très loin des zones de limites, c'est vraiment une accumulation de faible énergie... et comme on a cette vieille faille qui fonctionne depuis très longtemps, on relâche la pression régulièrement, il n'y a pas trop d'inquiétude pour le "Big One" ici."

Evelyne Goubert, géologue à l’Université de Bretagne Sud
Crédit : Yann Launay