Collège mort. A Rennes, parents d'élèves et professeurs mobilisés contre les "groupes de niveaux"

28 mars 2024 à 8h49 par Dolorès CHARLES

Collège mort La Blinquenais 35
Collège mort La Blinquenais 35
Crédit : Yann Launay

Comme ce mercredi (27 mars) à Rennes et dans l’agglomération (une douzaine d’établissements concernés), les parents d’élèves sont appelés à ne pas envoyer les enfants au collège aujourd’hui jeudi, en Loire-Atlantique pour dénoncer la mise en place de groupes de niveau à la rentrée prochaine. C'est l'opération "Collège mort".

Ils rejettent les groupes de niveau : des parents d'élèves et des enseignants ont organisé des opérations "collège mort", ce mercredi 27 mars, dans plusieurs villes de l'Ouest. A Rennes par exemple, les bâtiments du collège la Binquenais était désertés. Des parents, des collégiens et des professeurs se sont toutefois retrouvés devant l'entrée principale pour protester contre la réforme voulue par le gouvernement. Pour Dominique, prof d'histoire-géo à la Binquelais, ce projet de groupes de niveau est un retour en arrière insupportable.

"On revient à une école que dénonçait Émile Zola"

"C'est un peu l'école de nos grands parents, cette école où, lorsqu'on était un enfant d'agriculteur, notre destin était tout tracé. Le fils du notaire allait avoir des perspectives plus ouvertes et tous les enseignants que vous voyez devant la grille aujourd'hui et les parents d'élèves sont issus d'un autre modèle où on brise le déterminisme social... On revient à une école que dénonçait Émile Zola. Notre demande est de faire des classes moins lourdes : quand vous avez une classe de douze ou quinze élèves, s'il y a un enfant qui est allophone, ou qui est en inclusion, s'il y en a un dont les parents l'ont fait visiter les musées à Florence, et l'autre qui n'est jamais sorti du quartier, eh bien tout ce petit groupe finit par très bien s'entendre et progresser ensemble !"

Dominique, prof d'histoire-géo à la Binquelais
Crédit : Yann Launay

"Quelle société on veut derrière ? Le vivre ensemble ou le vivre séparément ?"

Après plusieurs mois de flou sur cette réforme, les textes qui l'encadrent sont parus et pour Emeline Deschamps, présidente de la FCPE (Fédération des parents d'élèves) 35, le gouvernement ouvre clairement la voie à des classes de niveau : "cela va permettre à des chefs d'établissement de créer des classes de bons (élèves) et des classes de moins bons, d'avoir moins de soucis techniques en terme de moyens humains (profs), en terme de moyens techniques (locaux et salles) et en terme de gestion des emplois du temps des élèves et des profs. On mettra les handicapés d'un côté et les valides de l'autre ? Quelle société on veut derrière ? Le vivre ensemble ou le vivre séparément ?"

Le brevet obligatoire en 2025

Au-delà de la question des groupes de niveau, le "Choc des savoirs" voulu par le gouvernement renferme d'autres mesures inacceptables, pour Emilie Deschamps, comme le brevet obligatoire pour entrer au lycée à partir de 2025 : "si l'élève n'a pas le brevet il ne passe pas en seconde. On crée une classe préparation au lycée ... mais on ne sait pas trop comment on va les faire travailler pour qu'ils aient le brevet et puis s'ils n'ont pas le brevet, on en fait quoi ? Ils auront plus de 16 ans et donc la scolarité n'est plus obligatoire, on va les mettre en apprentissage directement."

La Blinquenais 35
La Blinquenais 35
Crédit : Yann Launay
Emeline Deschamps, présidente de la FCPE (Fédération des parents d'élèves) 35
Crédit : Yann Launay

L'avis des mamans mobilisées

Pour Maggy et Melina, mamans d’élèves, les groupes de niveau sont une fausse bonne idée. "Ce sont des groupes de niveau qui vont être fait sans moyens supplémentaires. Les élèves qui sont faibles ne vont pas avoir de soutien. Il s'agit juste de trier les élèves mais sans moyens pour les aider. C'est aussi une façon de stigmatiser des élèves qui sont très jeunes dès la fin du CE2, de les mettre dans des cases dont ils ne pourront pas forcément facilement sortir par la suite... 

Si on vous dit dès le départ que vous êtes nuls, c'est compliqué de se ressaisir et d'utiliser des passerelles pour changer de groupe en cours de scolarité. On craint que cela amène à des réorientations précoces qui n'auraient pas lieu d'être dans des classes où on a un groupe hétérogène qui se porte les uns les autres."

Maggy et Melina, mamans d’élèves
Crédit : Yann Launay

De nouvelles actions sont prévues pour les jours et les semaines qui viennent : des distributions de tracts, des manifs et de nouvelles journées collèges morts. De son côté, le gouvernement souhaite que les groupes de niveau soient en place dès septembre dans les collèges, en maths et en français.