Rennes. La Cop Bretagne doit établir un plan d'action pour le climat et la biodiversité

11 avril 2024 à 8h24 par Dolorès CHARLES

Trafic Routier en Bretagne
Trafic Routier en Bretagne
Crédit : Yann Launay

Comme toutes les régions de France, et un mois après la région Pays de la Loire (15 mars à Nantes), la Bretagne a lancé hier (10 avril à Rennes) sa propre COP. La région est confrontée au changement climatique et à ses effets : la multiplication des épisodes de vagues de chaleur, mais aussi la perte de la biodiversité, l’exposition croissante aux risques naturels.

Elle vise à construire un plan d'action pour le climat et la biodiversité : la COP Bretagne vient d’être lancée, ce mercredi 10 avril, à Rennes. Objectif : fixer des objectifs précis à l’industrie, à l’agriculture, aux citoyens, pour rentrer dans les clous de 55% de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport à 1990. La Bretagne avait déjà sa Breizh COP, et ses "Accords de Bretagne pour le climat et la planète", signés en 2019.

A quoi va servir cette COP Bretagne ?

Parmi les participants au lancement de la COP, le Costarmoricain Hervé Berville, Secrétaire d’Etat chargé de la mer et de la biodiversité. "Quand vous allez voir des collectivités pour leur dire qu'il faut réduire les passoires thermiques et que n'avez aucun élément de chiffrage, c'est compliqué. Quand vous allez voir le monde agricole, les collectivités pour parler de la renaturation, et de la mise en place de nouvelles haies, il faut savoir si c'est 10 ou 3000 kilomètres ? On a un enjeu en Bretagne sur cet habitat qui est diffus, avec des difficultés à massifier le transport collectif. On prend en compte ces spécificités des territoires et on déploie des actions, on les finance en lien avec les communes, j-y tiens beaucoup, avec les départements et les régions pour trouver des solutions très concrètes aux problèmes quotidiens."

Hervé Berville, Secrétaire d’Etat chargé de la mer et de la biodiversité
Crédit : Yann Launay

Un double discours ?

Ces COP régionales sont sensées organiser et accélérer la transition écologique, et dans le même temps, des dérogations, des pauses, des modifications des règles environnementales sont accordées aux agriculteurs. Cela peut paraître contradictoire, mais Hervé Berville s’en défend. "Quand on a lancé, par exemple la transition avec les panneaux solaires, on s'est retrouvé un peu malin puisque on n'avait pas cette capacité à produire car on dépend des panneaux solaires chinois pour lancer cette transition... et sur l'agriculture ou la pêche, nous ne devons pas faire la même erreur, puisque si on continue d'importer autant de produits qu'à l'heure actuelle, cela ne réglera en rien la question des gaz à effet de serre. 

Il faut faire cette transition de manière juste, parce que si on interdit des choses mais qu'on continue d'importer ces mêmes produits, vous comprendrez bien qu'on y gagne ni sur le plan de la souveraineté, ni sur le plan de l'agriculture, ni sur le plan de l'écologie."

Hervé Berville, Secrétaire d’Etat chargé de la mer et de la biodiversité
Crédit : Yann Launay

"La planification permet dans les tempêtes de fixer un cap."

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et enrayer la chute de la biodiversité, il va falloir accélérer. Pour le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, c’est incontournable, mais il faut accélérer tout en préservant l’économie bretonne. "Il n'aurait aucun sens à choisir la destruction de notre économie pour rentrer dans des équations climatiques alors que l'on sait très bien que l'on irait produire ailleurs.. peut-être à moins cher, peut-être avec d'autres travailleurs, mais certainement pas avec les normes environnementales que nous avons chez nous.

Il faut résoudre cette équation complexe et qui peut faire peur... Et face à nous, nous avons des populistes, des gens qui sont des militants du chaos, qui sont en train de penser qu'on pourrait retourner la table et déstructurer encore plus cette société en promettant je ne sais quel monde plus merveilleux. La planification permet dans les tempêtes de fixer un cap."

Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne
Crédit : Yann Launay

"Comment on fait pour passer de chaudière au fioul à des systèmes d'énergie plus soutenables pour la planète !"

Tous les secteurs d’activité, et tous les citoyens, devront participer mais pour Loïg Chesnais-Girard, la justice sociale doit être une boussole, dans cette transition écologique. "La personne qui vit dans une passoire thermique, qui roule au diesel dans un territoire rural de Bretagne n'est pas fautif. Nous devons intégrer et accompagner ces hommes et ces femmes... Comment on fait pour se passer progressivement de voitures ou pour aller vers des voitures moins énergivores ? Comment on fait pour passer de chaudière au fioul à des systèmes d'énergie plus soutenables pour la planète, tout en gérant le portefeuille des gens ? Si on donne des injonctions ou des ordres et qu'on ne trouve pas des solutions pour accompagner, on va générer de la souffrance."

Les feuilles de route seront finalisées dans les mois qui viennent, qui fixeront des objectifs à atteindre d’ici 2030.