Psychiatrie : mobilisations à Redon et Blain pour dénoncer les fermetures de lits

18 avril 2024 à 9h00 par Valentin Monnier

Des banderoles devant Lanrua, l'unité d'hospitalisation psychiatrique de Redon
Des banderoles devant Lanrua, l'unité d'hospitalisation psychiatrique de Redon
Crédit : Morgan Le Faou

Baisse des effectifs, manque de moyens, fermeture de lits… Les professionnels de la psychiatrie se mobilisent ce jeudi 18 avril à Redon (35) et Blain (44). Le mal-être n'est pas nouveau mais s'accentue dans ce secteur hospitalier. Les explications de Morgan Le Faou, délégué CGT à l’hôpital de Redon.

Les revendications du secteur sont connues en psychiatrie mais aujourd’hui, les professionnels expriment une réelle inquiétude. En un an, en Bretagne et Pays de La Loire 300 lits ont fermé, avec donc autant de patients en moins accueillis et pris en charge. 300 lits dont 56 à Rennes, 40 à Nantes et 30 à Vannes. Face à cette situation, les syndicats des hôpitaux de Redon et Blain se mobilisent ce jeudi 18 avril devant les établissements, avant de rejoindre Plessé. Morgan Le Faou, délégué CGT à l’hôpital de Redon revient sur les "demandes qui sont les mêmes qu''il y a 20 ans, c'est à dire l'augmentation massive du nombre de places en formation de médecins et notamment psychiatres, mais également de places en formation paramédicaux, infirmiers, aides soignants, puisque c'est la prochaine pénurie qui se profile. Il y a également des moyens pour que la psychiatrie puisse perdurer : sur l'hôpital de Blain comme sur le secteur psychiatrique de Redon on a 60 % de postes de psychiatres vacants. Cela vous donne une idée de la façon dont on peut fonctionner, et continuer à assurer toutes nos missions, dans ces conditions."

Morgan LE FAOU, délégué CGT à l’hôpital de Redon
Crédit : Valentin Monnier

"Depuis la rentrée 2023 et jusqu'à aujourd'hui, on est sur 75 % de hospitalisation sous contrainte..."

La situation est d’autant plus compliquée que cette baisse du nombre de lit s’accompagne de besoins criants. "Les besoins en psychiatrie ont augmenté avec les crises successives : la crise Covid, la crise climatique et la crise inflationniste notamment. Les dégâts sociaux ont des répercussions sur le moral des gens : il y a une augmentation des besoins d'hospitalisation et on ne peut pas donner un rendez-vous psychiatre ou psychologue à des patients, qui en ont besoin et qui se retrouvent à nécessiter une suite alors qu'à l'origine on n'en avait pas besoin. Il y a un chiffre parlant, jusqu'à la moitié de l'année 2023, on était sur 25 % d'hospitalisations sous contrainte et 75 % d'hospitalisation libre... et depuis la rentrée 2023 et jusqu'à aujourd'hui, on est sur 75 % de hospitalisation sous contrainte..."

Morgan LE FAOU, délégué CGT à l’hôpital de Redon
Crédit : Valentin Monnier

Certains patients présentant des troubles graves ne sont pas correctement soignés. Ce sont "des personnes qui peuvent se suicider, qui peuvent se retrouver progressivement complètement marginalisés là où nous, on a jusqu'alors les capacités de les accompagner. Dès qu'un fait divers concernant un malade psy survient, la réaction des gouvernements c'est "Qu'a fait le secteur psychiatrique ?" On continue de culpabiliser et de criminaliser les patients qui passent à l'acte, et la psychiatrie qui s'en occupe, alors qu'on dispose d'encore moins de moyens qu'il y a quinze ans pour les soigner, pour les accompagner, pour prévenir les troubles et aussi les troubles à l'ordre public."

Morgan LE FAOU, délégué CGT à l’hôpital de Redon
Crédit : Valentin Monnier

La manifestation débute ce jeudi 18 avril à partir de 9 heures devant les hopitaux de Redon et Blain avant un départ des deux cortèges à 10 heures pour rejoindre au Plessé. Un barrage filtrant sera installé vers Saint-Charles.