Bretons de l'Etranger : Yuna de Quimper a créé avec Aurélia une agence de production audiovisuelle, à Tahiti

22 avril 2024 à 15h59 par Dolorès CHARLES

Yuna Le Corre et Aurélia Autret
Yuna Le Corre et Aurélia Autret
Crédit : Yuna Le Corre

Océane à la rencontre des Bretons de l'Etranger. Aujourd'hui partons à Tahiti rejoindre Yuna Le Corre âgée de 27 ans, et originaire de Plougastel-Daoulas (29). La jeune bretonne s'est installée en Polynésie depuis deux ans et avec son amie Aurélia, avec laquelle elle a monté une boîte de production audiovisuelle "Derrière l'horizon, vidéos d'exploration". Le duo vient de sortir également un court-métrage sur l'archipel des Marquises.

Après des études en commerce international, la jeune finistérienne de 27 ans, Yuna Le Corre, est d'abord partie voyager en Asie. "Mes études portaient sur le marché asiatique et j'ai eu l'occasion de voyager en Chine. J'ai appris le mandarin à l'école à Quimper et après mes édudes, j'ai décidé de faire une année de césure et de partir en Océanie, et c'est depuis La Nouvelle-Zélande que j'ai voulu faire une escale et voir de la famille et des amis en Polynésie. J'ai fait un stop là-bas en 2020. J'ai passé un mois et demi à Tahiti, et je suis tombée amoureuse de la philosophie locale et des habitants.

"Les Tahitiens sont accueillants, c'est dans leur état d'esprit, maintenant, il ne faut pas venir en tant que conquérant"

A l'époque, je n'avais pas du tout pour optique de m'installer sur Tahiti. J'ai fait mon chemin et je suis rentrée en France. J'ai travaillé pendant deux ans en gestion de projet, et puis il y a eu la morosité ambiante avec le Covd-19 en métropole, et j'ai pris la décision de m'installer en Polynésie : j'ai acheté un aller simple et je suis partie avec des économie parce que c'est cher de s'installer ici. Au début, j'ai pris un travail dans l'import export, toujours en rapport avec mes études, et on a décidé avec ma meilleure amie Aurélia (Autret) de s'associer et de lancer notre agence de production vidéo, qui s'appelle "Derrière l'horizon - vidéos d'exploration" ! C'est une reconversion, de par nos études on a voyagé et à chaque fois qu'on voyageait, on filmait et on allait voir des cultures très fortes. C'est ce qui nous a toujours attiré."

"On s'est installées ici dans l'idée de connaître des gens. On a travaillé dans le salariat, on a rencontré du monde et c'est vrai qu'il faut se faire un nom. Alors avec Aurélia, on a essayé de se faire un réseau localement. Aurélia a publié beaucoup de vidéos sur Facebook, et au fur et à mesure, on a laissé tomber le salariat et décidé de tout investir dans notre entreprise. Les Tahitiens sont accueillants, c'est dans leur état d'esprit, maintenant, il ne faut pas venir en tant que conquérant, il faut s'adapter à la mentalité locale, à la culture locale, à leurs habitudes."

Yuna Le Corre
Crédit : Dolorès Charles

Le projet du film documentaire

"On fait ici des reportages sur la culture, sur l'humain, sur la nature, et l'idée de cette année en 2023 c'était de partir. Nous, on habite à Tahiti dans l'archipel de la société et on a tourné un film dans l'archipel des Marquises (ndlr : la Polynésie regroupe 5 archipels). C'est un archipel, qui est très éloigné d'ici et la culture y est différente. On est parti d'octobre à décembre pour tourner ce film, on a tout financé de notre poche, on a pris notre sac à dos, et notre équipement et on est parti sur quatre îles de l'archipel pour aller à la rencontre des Marquisiens passionnés, des entrepreneurs, des artisans... Beaucoup de rencontres très marquantes. A l'issue de ces trois mois de tournage, on a fini sur l'île principale de l'archipel - Nuku Hiva. Et sur cette île, il y a un grand festival culturel, Matavaa qui se tient tous les deux ans. Pendant ce festival, il y a les délégations de toutes les Marquises, il y a de grands spectacles de danse, des chants, de grands repas communautaires. Ils fabriquent leurs costumes eux-mêmes avec des produits naturels. C'est une grande célébration de la culture marquisienne, et c'est là-dessus qu'on a centré notre tournage."

Un court-métrage est né

"On a terminé notre court-métrage "Le Pouvoir du Vivant" il y a un mois, et l'idée était de retourner dans l'archipel des Marquises pour le présenter en avant première, pour les remercier en quelque sorte d'avoir pu tourner ces images... et les Marquisiens ont été très touchés. On a organisé des projections dans les salles communales pour le grand public et dans les écoles, les collèges et lycées, pour le montrer aux enfants, leur expliquer notre démarche et ce que c'est aussi d'entreprendre, de lancer son projet, de faire une reconversion dans l'audiovisuel... On a eu cette démarche d'aller au plus proche de la population pour montrer nos projets et ce court métrage. "

Maintenant, "on va essayer de le faire grandir, de le faire voyager et de l'inscrire dans des festivals de films, en Polynésie,  en France, à l'international et à terme essayer de le diffuser sur des chaînes de télévision (...) On a plusieurs projets de long-métrage en tête avec Aurélia, on a commencé à tourner un sujet à Tahiti sur les danseurs... et on va continuer de faire des productions dans le Pacifique."

Le Pouvoir du Vivant
Le Pouvoir du Vivant
Crédit : Yuna Le Corre

La Bretagne ne manque pas ?

"Depuis deux ans, on n'est pas rentré car on est vraiment à bloc dans cette entreprise et cette agence pour la faire grandir. On n'avait pas le temps ni l'argent de rentrer en Bretagne mais évidemment notre région natale nous manque. On va essayer de rentrer plus régulièrement maintenant... Il y a une petite communauté bretonne à Tahiti, à l'occasion on se fait des crêpes... Pour l'heure le but est de rester ici et de partager des témoignages de Polynésiens qui peuvent résonner dans d'autres cultures à l'international, et c'est vraiment de faire des productions localement dans le Pacifique."