Bretons de l'étranger : Fryderyk Darnowski, grand supporter du SB 29, depuis Poznań

6 mai 2024 à 17h45 - Modifié : 6 mai 2024 à 17h59 par Dolorès CHARLES

Fryderyk Darnowski
Fryderyk Darnowski
Crédit : Fryderyk Darnowski

Océane à la rencontre des Bretons de l'étranger. A 40 ans bientôt, Fryderyk Darnowski d'origine Brestoise, s'est installé en Pologne depuis 15 ans, après deux années passées entre l'Espagne et l'Allemagne. Une expatriation qu'il vit bien malgré les rudes hivers, d'autant que ce grand supporter du SB 29 revient régulièrement encourager les Ty Zefs, au stade Francis Le Blé.

Fryderyk - Frédéric - Darnowski qui a grandi à Brest, dans le Finistère, a vécu plus de quinze ans en Pologne. Il habite la ville de Poznań, entre Berlin (Allemagne) et Varsovie (ndlr : 540 000 habitants). Ma mère est polonaise, et j'ai la double nationalité aujourd'hui. Je suis allé quelques fois en vacances en Pologne étant plus jeune, mais j'ai vraiment appris lorsque j'ai fait mon stage à l'étranger, dans le cadre de mon BTS en Commerce International, au lycée Jules Lesven de Brest. Comme je n'aime pas faire comme les autres, je suis parti à l'aventure en 2005, et je me suis retrouvé tout seul entouré de Polonais. Pendant quatre mois, j'ai vraiment appris à parler, à lire et à écrire polonais."

Vous aimiez déjà la Pologne avant d'y aller ?

"C'est toujours un pays qui m'a intrigué, un pays qui n'est pas très loin de chez nous, mais finalement en termes de culture il est complètement différent. Même si je trouve que depuis 2012, la Pologne est devenue beaucoup plus "européen" - c'était un peu le Far West au début des années 2000. Je n'ai eu aucun problème pour m'intégrer, la Pologne c'est un peu la France d'il y a 30 ans, sans être péjoratif envers les Polonais. Ils sont très "bonne franquette", et très accueillants. Ils prennent toujours le temps de nous inviter à manger, d'écouter d'où l'on vient, de demander ce que l'on fait. Ils sont très gentils, en plus quand ils voient qu'on essaie de faire des efforts pour parler polonais, on est encore plus le bienvenu ! Le Polonais parle très bien l'anglais, cela dit, peu importe où l'on va, il y a toujours quelqu'un qui dit" je parle un petit peu français (avec l'accent), donc c'est mignon (sourire) et ils parlent beaucoup l'allemand aussi."

Fryderyk - Frédéric - Darnowski
Crédit : Dolorès Charles

Un climat déréglé

Quel temps fait-il en Pologne, par rapport à la Bretagne ? "On a eu 29° pour Pâques pendant dix jours, ce qui arrive rarement, car généralement on a de la neige et du gel. Là, le gel est revenu : -1° relevé cette nuit et 4° ce matin, c'est un climat continental. Tous les hivers, on sait qu'on va avoir froid : en début d'année on a eu -21° de mémoire et l'été on a très chaud dès la fin mai - début juin, très souvent la température ne descend pas en dessous des 17-18° la nuit". Il y a vraiment un climat qui se dérègle : "je commence ma 15ème année en Pologne et les premières années où je suis arrivé l'hiver c'était toujours pareil. Fin novembre, les premières neiges arrivaient, et on voyait rarement le soleil jusqu'à février - mars, et puis j'ai connu des températures qu'à -27, -28° la nuit et -10°, -15° toute la journée de fin novembre à mars... Le climat est rude mais je suis un Ty Zef, je suis habitué à la pluie, au vent et aux tempêtes, mais finalement le froid sec est presque plus facile à vivre que le temps brestois, que vous connaissez depuis 6 mois !"

Frédéric travaille dans le domaine agricole, et ce dérèglement doit impacter l'agriculture et la végétation ? "Les agriculteurs ont en effet peur pour le rendement de l'année. On verra que cela donne mais le climat est un peu déréglé partout. La grosse différence ici sur le climat en Pologne,c'est qu'on est passé de 4 à deux saisons. Il n' y a plus de saison intermédiaire."

"J'essaie toujours de faire coïncider mes déplacements professionnels avec de bonnes dates des matchs du Stade Brestois"

"Je rentre souvent à Brest et j'essaie toujours de faire coïncider mes déplacements professionnels avec de bonnes dates des matchs du Stade Brestois J'ai fait quatre matchs à Francis Le Blé cette saison. J'ai fait 1000 kilomètres pour venir voir les Rouge et Blanc. Je suis supporter du Stade Brestois depuis toujours, et je crois dur comme fer à la Ligue des Champions. Je trouve que la solidarité, la convivialité de cette équipe fait qu'elle a un truc en plus. On revient au vrai football, au football populaire et pas au football business. On a un budget de 60 millions et on fait presque aussi bien que le PSG, qui a un budget de 600 millions... On a tout dit, c'est la complicité entre les gars et puis notre capitaine est génialissime. Brendan Chardonnet est un meneur d'hommes, un gars de chez nous...

Sinon, je suis judoka de base et j'ai dû faire une quinzaine d'année au Dojo brestois rue du Château, et depuis que je suis arrivé en Pologne, je fais du MMA. En Pologne, le MMA était déjà très populaire et remplissait des salles de 5 à 8000 personnes quand je suis arrivé fin 2009, alors qu'en France c'est le tout début."

Fryderyk Darnowski
Fryderyk Darnowski
Crédit : Fryderyk Darnowski

Des Bretons de Poznan à Cracovie

Frédéric est aussi l'un des administrateurs des Français francophones de Poznan, et il organise "une réunion francophone tous les vendredis soirs, tout le monde peut venir. Ce ne sont pas que des Français, il y a également des Polonais, qui veulent entretenir leur français ou apprendre le français. On a une sorte d'apéro et on discute de l'actualité et de la politique entre nous. J'organise également des événements plus familiaux, des sorties avec les enfants pour qu'ils puissent parler français. On a fait des barbecues au bord de la rivière et des sorties VTT... On est quelques bretons ici sur Poznan et en Pologne, on est très nombreux ! Il y en a beaucoup à Varsovie, un peu sur Cracovie, et un peu plus dans le sud du pays aussi."

"C'est ma quatrième année à Poznan, mais pendant plus de dix ans, j'habitais à la campagne et j'étais quasiment le seul Français à 80 -100 kilomètres à la ronde. Je vous assure que c'est compliqué ! Le fait d'aller dans une grande ville permet à mes enfants d'aller à l'école francophone et de rencontrer d'autres enfants français ou francophones. On a quand même plus de facilités grâce à Carrefour ou Leclerc et grâce à certains français qui travaillent dans le domaine. On trouve du vin français, du fromage français, et même du pâté Hénaff, etc. Cela nous aide à mieux vivre l'expatriation, parce qu'il y a toujours des moments où c'est plus compliqué quand on est loin de la famille, quand les hivers sont un peu longs, et quand on n'a pas vu la mer depuis quelques temps..."

Retour en Bretagne ?

Le brestois ne compte pour autant pas revenir en Bretagne," je sais que politiquement cela peut faire peur en ce moment avec l'Ukraine en guerre à côté, mais en réalité on ne se sent pas en insécurité et économiquement, je trouve que beaucoup de pays d'Europe, pourraient apprendre de la Pologne qui a un taux de chômage au plus bas depuis une décennie, et c'est quasiment un des seuls à ne pas avoir connu la récession. C'est un pays très dynamique et qui offre des opportunités aux étrangers qui ont envie de bosser. On est toujours bien accueillis, et ça laisse des possibilités de faire du business..."

Clairement, la Pologne est un pays qui gagne à être connu. "J'ai la chance d'avoir des amis et de la famille super, qui viennent et systématiquement on fait des visites. Il y a toujours des choses à découvrir, que ce soit l'architecture, l'histoire, etc. Peu importe la région où on va, elle ne ressemble pas à la région voisine... et finalement, on ne connaît jamais ce pays par cœur. C'est hyper intéressant, et puis je suis un très bon guide et traducteur."